Un «réalisme objectif»

 

Alors que la fonction de l'art figuratif est habituellement de reproduire le réel afin de l'exprimer c'est-à-dire de le rendre sensible par un ensemble formel de signes capables d'en dégager le sens l'hyperréalisme vise à une reproduction en quelque sorte non exprimante du réel, mais seulement informative. C'est pourquoi on a pu parler à son sujet de «réalisme informatif» ou de «réalisme objectif».

 

L'intervention de l'auteur se limite essentiellement au choix du sujet. Pour que l'espace représentatif reflète au plus près l'espace réel, les peintres hyperréalistes adoptent les cadrages des photographes ou des cinéastes; en outre, ils recourent aux techniques employées par les professionnels de la publicité: report photographique de l'image sur la toile, peinture à l'aérographe, etc. Quant aux sculpteurs, ils se livrent à des moulages du corps humain. Leur démarche est inscrite dans la «technicité» de la culture contemporaine et leur travail souvent empreint d'une grande virtuosité.

 

La signification cachée de l'image


Considérés par les uns comme des artistes d'avant-garde, par les autres comme les représentants d'un nouvel académisme, les hyperréalistes, dans leur volonté de naturalisation exacerbée du motif représenté, semblent réduire la figuration bi ou tridimensionnelle à un simple «simulacre hallucinant du réel» (Jean Clair). Pourtant, leurs constats visuels par plans fixes ou leurs moulages traduisent le plus souvent avec force le caractère fétichiste de l'image «hyperréelle», qui, reflétant les obsessions d'un artiste, peut signifier tout autre chose que ce qu'elle se contente apparemment de nous donner à voir. Chaque artiste décline ainsi un thème de prédilection: ce sont les voitures chez Don Eddy (Volkswagen bleue), l'architecture urbaine chez Richard Estes (Foodshop), ou les enseignes lumineuses pour René Cottingham.

Si ces sujets sont le plus souvent vidés de présence humaine, d'autres artistes travaillent justement sur les visages et le corps humains, comme Chuck Close, avec des portraits anonymes ou des photos d'identité géantes, John de Andrea (Une femme nue) ou Duane Hanson (moulages).

 

Expression très américaine qui puise des références chez Hopper entre autres, l'hyperréalisme fait des émules en Europe (Bernard Moninot). Les thèmes des hyperréalistes sont directement issus de l'environnement contemporain, le plus souvent urbain. Mais ce regard  à l'inverse du pop art  est dénué de satire ou d'ironie: il est juste glacé.

Tiré de l’encyclopédie YAHOO !

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